En 1992, un couple (les Lavergne) croit se reconnaitre sur la photo. Denise et Jean Louis intentent un procès à Robert Doisneau pour violation de leur vie privée et réclament 500 000 francs de dommages et intérêts.
De ce fait, l'affaire faisant grand bruit, Françoise Bornet, la véritable modèle de la photo, intente elle aussi un procès au photographe en fournissant, comme preuve de sa participation, un tirage original numéroté et signé, que le photographe avait donné aux amants à l'issue de la séance photo.
Elle réclame de son côté 100 000 francs de rémunération rétroactive, et un pourcentage sur les ventes.
Jacques Carteaud, le modèle masculin de cet amour éphémère, refusera de ce joindre à son ex amoureuse, afin de ne pas transformer cette histoire photographique en une histoire bassement pécuniaire.
Le 2 juin 1993, la première chambre du tribunal de grande instance de Paris déboute tout le monde. Les époux Lavergne n'ont pas réussi à apporter la preuve qu'il s'agissait bien d'eux sur la photo (forcément, puisque ce n'était pas eux).
Robert Doisneau lui-même reconnaît Françoise Bornet comme étant le modèle féminin. Mais le tribunal considère qu'elle ne peut se prévaloir d'un droit à l'image n'étant, du fait de sa position, pas reconnaissable sur le cliché. Les époux Lavergne interjettent appel mais le jugement en première instance est confirmé le 10 décembre 1996 par la cour d'appel de Paris.
Procéduriers et persuadés d'être les véritables modèles, les époux Lavergne iront jusqu'en cassation. Mais le 16 mars 1999 (soit près de 5 ans après la mort de Robert Doisneau) la Première chambre civile de la Cour de cassation rejette le pourvoi des époux Lavergne.
L'affaire est close et personne n'a touché un seul centime à l'issue de ces procès, mais...
… Le 25 avril 2005, Françoise Bornet met en vente le tirage original en sa possession. Mis à prix à 10 000 €, il sera adjugé 185 000 €... Soit environ 12 fois plus que ce qu'elle réclamait lors de son action en justice contre le photographe !
Mon ami Éric Paratcha, Horloger/Bijoutier d'une part, et photographe émérite et talentueux d'autre part, n'a pas hésité à produire, avec brio, une version du Baiser de l'Hôtel de ville … Made in Roanne